28 juillet 2008
Discussion intéressante en fin d’après midi dans la librairie de Gweltaz Ar Fur avec un député écossais, à l’initiative de l’association Bretagne-Ecosse que préside Pierre Delignière.
J’étais heureux de rencontrer Rob Gibson, élu du SNP. Car son parti incarne à merveille l’un des thèmes récurrent du débat politique : l’avenir des pays est dans leurs régions.
Selon ses laudateurs, face à la mondialisation accélérée de notre économie et de nos moeurs, un seul remède : le réveil régional, la défense de nos particularismes, la préservation de notre identité, la sauvegarde de nos racines !
De prime abord, il n’y a rien de choquant. Après tout, la décentralisation ici comme la dévolution en Ecosse furent des réformes utiles. Dans notre pays, la concentration de l’Etat découlant des effets conjugués du jacobinisme et du colbertisme finissait par être grotesque. Le transfert de nombreuses compétences aux élus locaux afin de rapprocher le pouvoir des citoyens servit efficacement la démocratie.
Mais je garde une réserve sur le fond notamment sur l’impuissance supposée de l’Etat. Maintenant que le monde est un grand marché et que l’Etat est réduit à jouer le un rôle peu glorieux d’infirmerie nationale, les régionalistes considèrent que l’Etat a failli et qu’il convient d’imaginer un autre cadre d’organisation.
Au-delà de l’erreur qui consiste à croire qu’il en a été un jour autrement, remarquons qu’à l’échelle européenne, les aspirations régionalistes présentent de semblables caractéristiques. Elles apparaissent dans des régions riches situées en périphérie de vieux Etats-nations. Ensuite, de l’Ecosse à l’Italie du Nord, les dirigeants de leurs mouvements professent souvent une philosophie où dominent leurs propres intérêts. A qui incombe alors l’indispensable - mais fort ingrate - tâche de redistribution en faveur des régions moins bien dotées ?
3 réponses à “Régionalisme ?”
Baillergeau dit : 28 juillet 2008 at 20:36
Écrire cela est courageux et lucide.Seule la gauche est en mesure de tenir ce langage dont nous aurons besoin aux Européennes à venir.
Jean-Louis dit : 28 juillet 2008 at 22:02
Nous aurions en effet bien besoin d’aller plus loin dans le principe de subsidiarité initié entre autres par Jacques Delors lors de la construction de l’Europe.La gestion des particularités locales ne peut s’affranchir d’une perspective de réorganisation visant pour la France, à une meilleure efficacité de gestionLa prise en compte des particularisme ne peut se faire en effet au dépend des autres, et ceci dans un unique soucis de replis identitaire exacerbant le chacun pour soi.Mais aujourd’hui nos gestions locales méritent mieux qu’un transfert de responsabilités, sans les moyens de leurs mises en œuvre.
Yves Formentin dit : 29 juillet 2008 at 8:18
C’est une question fortement importante que tu soulèves.Jean-Louis appuie également sur un point qui souvent fait mal, le replis identitaire et le renforcement des déserts régionaux.
La poursuite de la décentralisation ne doit pas se faire aux désavantages des régions qui ont le moins de ressources propres. L’état est une étape à mon avis indispensable dans les échelons européen car aujourd’hui se sont les régions européennes les plus fortes qui accaparent les aides les plus importantes, cela en raison du fonctionnement de lobbyings de l’Europe.
Enfin, il est important pour moi de séparer la culture et le patrimoine d’une région, de l’action politique. Utiliser l’argument du particularisme culturel pour prôner une autonomie ou une indépendance est dangereux et est un repli sur soi, un retour en arrière. Comme je l’avais déjà écris ici, c’est par la défense de l’éducation et de sa diversité, ainsi que la défense de la culture et de sa diffusion, que la culture et le patrimoine d’une région sera véritablement défendus.Souvent ceux qui défendent ‘une identité régionale’ sont les mêmes qui refusent et combattent la diversité culturelle notamment en combattant l’immigration, l’exemple des mouvements politiques du nord de l’Italie (la Ligue du nord, etc) est parlant. Mais sans généraliser, pour moi il n’y a pas UNE identité, car déjà chacun nous avons plusieurs identités, une région a plusieurs identités, comme la France n’a pas UNE identité mais une multitude. Il faut un équilibre entre l’histoire et le patrimoine d’une région, et le brassage culturel et la diversité. Le politique a ici un rôle important je l’ai dit, dans la politique d’éducation et culturelle.
Et pour cela, comme Jean-Louis l’écrit, il faut plus qu’un simple transfert de compétence souvent politicien et vécu comme une possibilité pour l’Etat de se débarrasser de sources de dépense pour lui.
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